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colloque Intuito II

vendredi 20 janvier 2017 – de 10 h à 17 h

Intuitio II

Le Laboratoire des intuitions (LDI) organise le colloque Intuitio II à l’École supérieure des beaux-arts TALM-Tours le vendredi 20 janvier 2017. Ce programme propose d’interroger la notion d’« intuition » dans différents domaines du savoir, d’évoquer les constructions diagrammatiques partagées entre les pratiques artistiques, philosophiques et scientifiques et d’exposer des formes et des espaces singuliers de cet observatoire des nœuds théorie/pratique, démonté et réinventé sans cesse à travers le prisme de l’art.

Le Laboratoire des intuitions (LDI) est une plateforme pluridimensionnelle, constituée d’artistes et de théoriciens évoluant dans de nombreux champs d’expérimentations et de connaissances, susceptibles dans ce projet, de construire des liens dynamiques entre les formes de pensée, à travers l’art, la philosophie, la sémiologie, les mathématiques, la physique, etc.

Le Laboratoire des intuitions (LDI) a pour double objet l’analyse des pratiques de dessins et de représentation dans tous les champs du savoir et la tentative, dans le même temps, d’élaborer avec les artistes de nouvelles pratiques dynamiques de mise en oeuvre du projet, en considérant que ceux-ci ont des intentions d’écriture propres au développement des formes.

Archives du LDI : http://laboratoiredesintuitions.esaaa.fr Publications : Intuitive notebook aux Presses du réel.

  • 10 h – Marie-Haude Caraës

Introduction dans le défilé des Images de pensée

  • 10 h 30 – Thierry Mouillé

Les Flèches du clavier, les traces de doigts sur l’écran tactile

Un mouvement dans le mouvement, quelques tentatives d’introduction au Laboratoire des intuitions.

– Élie During

Ne suivez pas les flèches : un récit de la conquête spatiale

Je repartirai de la question du point de fuite, du double ou triple point de fuite comme principe d’organisation classique de la représentation perspective, pour indiquer de quelle manière une certaine idée du temps flèche y trouve aussi sa figure naturelle. L’œil se laisse guider dans la profondeur de champ, il glisse comme sur des rails vers l’horizon : c’est une promenade virtuelle, promesse de récits sans fin, dont l’imaginaire pictural, mais aussi bien cinématographique, n’a cessé de se nourrir. Stendhal disait que le roman est comme un miroir qu’on promène le long de la route. Bazin explique que l’écran est un cache interceptant des mouvements de monde. Mais il suffit de desserrer un peu ce dispositif général en cessant notamment de forcer les lignes à converger à l’infini, pour que s’introduise aussitôt un fléchage ambigu : une lecture poly-directionnelle des plans et des volumes, flottant dans un espace sans bord. C’est le petit miracle de la représentation axonométrique (en ≪ perspective cavalière ≫), dont je montrerai l’efficacité à travers certains de ses avatars modernistes. Le Cube de Necker en donne la formule générale : c’est une profondeur sans point de fuite ni horizon, un mouvement sur place ou une glissade qui avance et recule en même temps… Je dirai enfin en quel sens le vertige froid de l’axonométrie offre une anticipation terrienne de la perception orbitale.

Élie During est maître de conférences en philosophie à l’Université de Paris Ouest Nanterre la Défense et chargé de séminaire à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il a participé à l’édition critique des œuvres de Bergson aux Presses universitaires de France (Durée et Simultanéité, 2009 ; L’Énergie spirituelle, 2009 ; Écrits, 2011). Membre de la revue Critique, collaborateur d’Art Press, il a co-édité deux collectifs consacrés à l’art contemporain : In actu : de l’expérimental dans l’art (Presses du réel, 2009) et À quoi pense l’art contemporain ? (numéro spécial de la revue Critique, août-septembre 2010). Il est également l’auteur de Faux raccords : la coexistence des images (Actes Sud, 2010), Le futur n’existe pas (B42, 2014). Dernier ouvrage paru : une édition préfacée du livre de Paul Langevin, Le Paradoxe des jumeaux : deux conférences sur la relativité (Presses de Paris Ouest Nanterre, 2016).

– Gianni Gastaldi

Les arborescences de la logique

Depuis sa naissance la pensée logique s’est reposée à l’ombre des arborescences : les arbres généalogiques tracés par la méthode de la division platonicienne, l’« arbre de Porphyre » où végète la logique d’Aristote, les embranchements renouvelés de la Begriffsschriftfrégéenne, la « théorie des types ramifiés » de Russell, les « arbres de preuves » de la théorie des modèles, les « arbres syntactiques » de Chomsky… Il est grand temps que la logique s’éveille à d’autres circulations. À moins qu’elle n’ait déjà commencé à le faire…

Gianni Gastaldi, Professeur de philosophie à l’École supérieure des beaux-arts de Montpellier Méditerranée Métropole, Chercheur à l’École polytechnique fédérale de Zurich.

– Patrice Maniglier

L’intuition passe pour le contraire de la raison. Elle est ce phénomène mystérieux qui fait qu’on sait quelque chose, sans savoir pourquoi on le sait. Mais l’apparition des réseaux connexionnistes a permis de produire des machines à intuition. Désormais, l’intuition n’est plus un phénomène mystérieux, au sens où on peut la mécaniser. L’intuition existe, la machine l’a rencontrée. à moins que le mystère ne change de nature…

Patrice Maniglier, Maître de conférences au département de philosophie de l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense.

– David Rabouin

Penser dans les flèches

Depuis quelque temps, les mathématiciens émaillent leurs textes de petites flèches qui leur servent à démontrer toutes sortes de résultats. Ils en ont même fait une théorie (dite « des catégories »). En suivant une démonstration élémentaire (dont une mathématicienne a pu dire que tous les tigres qui ont dû crever un disque de papier en ont fait l’expérience), j’essayerai de montrer comment une intuition se reconfigure dans ces flèches, les sources et leurs cibles.

David Rabouin, chargé de recherche au Laboratoire SPHERE (CNRS, Université Paris Diderot), travaille sur l’histoire et la philosophie des mathématiques, particulièrement à l’âge classique. à intervalles réguliers, il revient à ses vieilles amours spinozistes, dans l’espoir d’élaborer une version locale de cette éthique.

– David Zerbib

La flèche du sicaire. Chasse à l’homme et implication logique.

Le motif de la flèche semble dessiner une figure parfaite de liaison. Par sa représentation symbolique ou sa projection matérielle, la flèche indique à la fois le but et le moyen de l’atteindre, et conjugue dynamiquement le départ et la visée. Point, ligne, pointe : c’est ainsi que l’on passe idéalement de A à B, ou que le chasseur conclut d’un trait définitif les méandres de sa traque. Mais les confidences graphiques d’un ancien tueur repenti viennent sous nos yeux désorienter la signification de la flèche. à travers la caméra de Gianfranco Rossi, « el sicario », recherché par ses anciens patrons des cartels de la drogue mexicains, griffonne des flèches inquiétantes, suspendues dans un espace-temps dont les repères sont brouillés. Loin d’un symptôme de déraison, ne dévoile-t-il pas incidemment le sens profond de ce que la logique moderne appelle « l’implication » et qu’elle formalise à l’aide d’une flèche ? Nous appuyant notamment sur les théories du logicien Jean-Yves Girard, nous verrons que l’implication n’est pas la conséquence logique explicite et parfaite qui nous mènerait de A vers B. Elle est opaque, elle signale un point aveugle, elle opère sur fond de coupure, précarise le statut de la réalité et, comme dans le geste du sicaire, répond à des stratégies d’élimination.

David Zerbib enseigne la philosophie de l’art à la HEAD (Haute école d’art et de design de Genève) et coordonne l’Unité de recherche de l’école supérieure d’art de l’agglomération d’Annecy. Rattaché au Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne (projet CEPA, Culture esthétique et philosophie de l’art) de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ses recherches portent sur les principes d’une esthétique contemporaine à travers, en particulier, la question de la performance ou du format. Il a dirigé récemment à ce sujet In Octavo. Des Formats de l’art (Presses du réel /ESAAA, 2015) et a coédité Performance Studies in Motion. International perspectives and practices (éditions Bloomsbury, Londres, 2014).

Dynamograma VI

Workshop inter-sites TALM du 16 au 20 janvier 2017, hall de l’école supérieure des beaux-arts TALM-Tours avec Thierry Mouillé, professeur et Gaëtan Robillard, artiste invité.

Programme du lundi 16 janvier

  • 10 h : introduction de Thierry Mouillé

  • 11 h : conférence de Gaëtan Robillard

Gaëtan Robillard, artiste visuel, est diplômé du Fresnoy et a suivi le post-diplôme en art de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Il développe à travers différentes expositions en France et à l’international un travail autour de l’environnement marin, des algorithmes et des vies que dessinent les technologies. Il est également enseignant à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée.

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